Nouvelles

Internet, ça a quel âge ?

03 février 2022

Nous y pensons rarement, mais de nombreuses entreprises proposant des services en ligne que nous utilisons tous les jours ont depuis longtemps dépassé l'adolescence. Amazon a été fondé en 1994, Hotmail deux ans plus tard. Google encore deux ans plus tard, en 1998. Wikipédia a vu le jour en 2001, tandis que Skype, Facebook, YouTube et Twitter sont nés respectivement en 2003, 2004, 2005 et 2006. 

Pour connaître la naissance exacte de l'internet, il faut toutefois revenir quelques années en arrière. Au cours de l'été 1991, Tim Berners-Lee a annoncé son idée du World Wide Web, qu'il a développé avec le Belge Robert Cailliau. 

Beaucoup considèrent que c'est la naissance de l'internet, mais c'est faux. Bien que nous utilisions les deux termes de manière interchangeable, le World Wide Web et l'internet ne sont pas la même chose.

Sans internet, il ne pourrait pas y avoir de www

Robert Cailliau travaillait au CERN. Avec ses collègues, il a ressenti le besoin de rendre les données scientifiques et les résultats des mesures accessibles dans le monde entier, et c'est ainsi qu'est née l'idée du web. Jusqu'alors, les scientifiques partageaient ces données via des protocoles distribués sur des ordinateurs connectés entre eux en réseau. Mais ces données étaient copiées sur chaque appareil. "Ce n'est évidemment pas efficace lorsque la quantité de données devient plus importante", explique le professeur émérite Pierre Verbaeten. Il a géré la zone .be de 1989 à 2000 et a donc assisté aux premiers pas de DNS Belgium. 

La création du www fait également apparaître clairement la différence avec l'internet. Ce dernier est le nom collectif de tous les dispositifs physiques, câbles, serveurs, routeurs et ordinateurs qui sont connectés les uns aux autres dans le monde entier dans des réseaux physiques. 

Le www tel que nous le connaissons aujourd'hui ne pourrait pas exister sans internet. Il s'agit de la collection de logiciels sur les serveurs et les ordinateurs, les pages web, les fichiers, les médias, les navigateurs internet... qui communiquent entre eux via un protocole qui relie toutes ces choses via internet. 

Internet est bien plus vieux que le web

On peut donc dire que le World Wide Web a eu trente ans l'année dernière, en 2021. Mais internet est bien plus ancien. En 1968, les États-Unis ont développé l'ARPANET pour pouvoir envoyer des fichiers entre des ordinateurs connectés via le même réseau. Ce réseau est considéré comme le précurseur de l'internet. 

"Mais ce n'est que lorsque le réseau IP a été créé que l'on a pu parler d'internet", explique M. Verbaeten. "Avec le protocole IP, les réseaux existants, ainsi que les ordinateurs et les serveurs qui y sont connectés, pouvaient communiquer entre eux à l'aide de protocoles."  

Les protocoles initiaux, tels que NCP, se sont rapidement révélés inadéquats. Selon Verbaeten, ce n'est qu'avec l'arrivée de TCP/IP que l'on a pu parler d'internet. Ce protocole a créé un réseau de réseaux intégrant diverses technologies. Le 1er janvier 1983, le réseau existant a été arrêté et redémarré avec le protocole TCP/IP.

'Quand internet est arrivé en Belgique est un sujet de débat entre spécialistes.'

Internet en Belgique

Quand internet est arrivé en Belgique est aussi un sujet de débat entre spécialistes. D'autant plus que plusieurs événements peuvent être considérés comme le début d'internet dans notre pays. Par exemple, l'introduction du top level domain ( TLD ) .be pourrait être un point de départ.  Ou encore la première connectivité IP. Mais il y a aussi quelque chose à dire pour le transfert des serveurs de noms .be sur le sol belge. Il est d'autant plus difficile de déterminer la date de naissance d'internet en Belgique qu'aucun document ne donne de date exacte pour l'un ou l'autre de ces événements. 

Ce qui est certain en revanche, c'est qu'en 1988, les services de courrier électronique étaient disponibles dans le monde universitaire de notre pays. L'envoi d'un courriel était alors un peu plus complexe qu'aujourd'hui. "Les adresses électroniques dépendaient du réseau que vous utilisiez", se souvient Verbaeten. "BITNET, par exemple, avait accepté de donner aux nœuds du réseau des noms uniques, que l'on pouvait ensuite utiliser pour créer des adresses électroniques. Pour envoyer un courrier électronique sur Eunet, vous deviez indiquer sur quelle série de nœuds vous vouliez envoyer des données. De cette manière, le courrier électronique ne serait jamais extensible et le public ne l'utiliserait jamais, bien entendu. Les noms de domaine nous ont permis de nous affranchir de ce système complexe et de normaliser les adresses électroniques".  

Soudain, le .be est apparu

"Des personnes qui travaillent dans le domaine de l'informatique et des réseaux ont demandé l'introduction de .be." Verbaeten a appris l'existence du TLD .be d'une manière plutôt inhabituelle. "Nous avions soumis une demande de création du .be à l'autorité compétente et on nous a demandé des informations complémentaires. Entre autres choses, nous devions montrer que les demandeurs représentaient la communauté internet en Belgique".  

"C'était assez difficile, car la communauté internet en Belgique n'existait pas encore, bien sûr", s'amuse Verbaeten. "Nous avons alors déclaré que nous étions les administrateurs des deux réseaux utilisés et avons soumis les documents nécessaires. Et puis, pendant un certain temps, c'était silence radio. Jusqu'à ce qu'en 1989, nous découvrions soudainement l'existence du .be, car un collègue avait reçu un courriel des États-Unis sur son adresse électronique .be". En mars 1991, Verbaeten a fait transférer les serveurs de noms .be en Belgique. Internet est devenu une réalité dans notre pays à partir de ce moment-là. 

"Nous voyions des possibilités à grande échelle."

Plus grand que prévu

Dès que Verbaeten et ses collègues ont lancé .be, ils ont commencé à réfléchir à de bons noms de domaine pour la KULeuven. "Il faut avoir une politique sur la façon d'utiliser les noms de domaine, et il faut aussi penser au long terme. Nous avons aussi rapidement lancé un projet visant à relier tous les bâtiments entre eux par un câble en fibre de verre. Nous pressentions que toute l'université l'utiliserait".  

Internet est devenu un peu plus grand que cela. "Nous voyions des possibilités à grande échelle. Mais l'évolution que nous avons connue en vingt ou trente ans et l'implication de tout le monde, personne n'aurait pu la prévoir", déclare M. Verbaeten. 

Plus de réglementation est nécessaire

L'essor rapide d'internet au cours des dernières décennies n'a pas toujours été un chemin pavé de roses. "Au début, on savait qui étaient les personnes qui se connectaient à notre réseau. Jusqu'en 2000, nous n'avons attribué un nom de domaine .be qu'aux organisations qui pouvaient prouver leur identité", explique M. Verbaeten. "Aujourd'hui, vous pouvez enregistrer un nom de domaine très rapidement. Sur les médias sociaux, vous pouvez diffuser toutes sortes de mauvaises idées de manière anonyme. C'est une évolution défavorable. Les gens devraient pouvoir être mieux identifiés."  

Si vous pouvez enregistrer un nom de domaine anonymement et l'acquérir sans grand contrôle, cela ouvre la porte à des abus tels que le phishing , les fausses boutiques en ligne...  

"Cette réglementation, selon laquelle l'agent d'enregistrement ou le registry doit être en mesure de garantir qu'il traite des données personnelles correctes, sera de toute façon introduite, même si ce n'est pas si facile d'un point de vue technique. En raison du modèle des agents d'enregistrement, en tant que registry, vous n'avez pas de contact direct avec le titulaire d'un nom de domaine. Il n'est pas facile de s'impliquer dans ce contexte, mais il faut certainement évoluer dans cette direction. DNS Belgium prend d'excellentes initiatives dans ce domaine, comme il se doit", déclare M. Verbaeten.

L'une de ces initiatives est la vérification du titulaire, où les personnes qui enregistrent un nom de domaine (les titulaires) doivent prouver qu'elles sont bien celles qu'elles prétendent être dans les données qu'elles utilisent pour enregistrer leur nom de domaine. 

Mais DNS Belgium fait bien plus que cela pour assurer la sécurité d'Internet et de la zone .be. Vous en trouverez des exemples sur www.dnsbelgium.be/fr/securite-internet/prevention

Avec cet article, nous contribuons à réaliser ces objectifs de développement durable de l’Organisation des Nations Unies.