Nous ne vous apprendrons rien en vous disant que le monde change, et qu’il change vite ! C’est vrai aussi pour les noms de domaine. Les tendances concernant les extensions de noms de domaine, une matière aride, représentent parfois d’étonnants baromètres, qui reflètent ce qui se passe dans la société. Et si ces extensions nous en disaient long sur l’internet, sur le monde et sur nous-mêmes... ?
Le changement qui affecte la nature même de l’internet depuis une dizaine d’années transparaît aussi dans les extensions de noms de domaine. Hormis les extensions nationales – les fameux ccTLD (country code Top Level Domains such as .be) - des extensions telles que. com, .org, .info et . edu étaient autrefois très prisées. Elles traduisaient clairement la nature commerciale, mais aussi informative et éducative de l’internet.
L’internet commercial
L’avènement de toute une série de nouveaux gTL (general Top Level Domains) traduit une toute autre dimension de l’internet : des extensions comme .shop, .discount, .buy, .bargain, .deals… sont très répandues et autorisent à penser que l’internet est devenu plus ‘commercial’.
Heureusement, les loisirs et la détente ont aussi leur place sur internet, avec des extensions comme .fun, .games, .dance, .bingo, .party, .lol. Des extensions comme .adult et .sexy renvoient à des sites web dédiés à d’autres formes de ‘détente’. Dans ce segment, .porn a connu un vif succès commercial parmi les nouveaux gTLs.
ccTLD à d’autres fins
Il arrive parfois que des ccTLDs soient utilisés à d’autres fins. Les extensions nationales de l’Arménie (.am) et de l’Etat fédéral de Micronésie (.fm) sont particulièrement populaires parmi les radioamateurs. Le site web du musicien Will.i.am est évidemment Will.i.am, et ses scores Google sont assurément phénoménaux en Arménie. Et quel DJ se priverait de choisir .dj comme extension… le ccTLD de Djibouti, petit pays entouré de l’Erythrée, de la Somalie et de l’Ethiopie.
L’extension .io est très répandue parmi les start-ups technologiques, pour qui IO est tout simplement l’acronyme de input/output – ce qui renvoie aussi au code binaire en IT. Or, il se fait que le ccTLD du British Indian Ocean Territory est utilisé comme extension de domaine pour pas moins de 0,1% de tous les sites web dans le monde. British Indian Ocean Territory ? Oui, un archipel de l’empire britannique qui, en plus d’une base militaire américano-britannique, abrite également quelque 1500 habitants.
Développements géopolitiques
Des développements géopolitiques peuvent, eux aussi, avoir un impact sur des noms de domaine et leurs extensions. L’existence d’extensions comme .brussels et .vlaanderen ne signifie pas que ces régions vont bientôt déclarer leur indépendance. Par ailleurs, des extensions telles que .cs et .zr ont disparu en même temps que les états qu’elles désignaient (la Tchécoslovaquie et le Zaïre).
Ce qui pose question, c’est la disparition de l’extension .nato … Y aurait-il un lien avec l’extension .su qui, 25 ans après le démantèlement de l’Union soviétique, existe encore ? L’OTAN n’a-t-elle pas pris le train de la digitalisation en marche ? Ou serait-ce le signe d’un changement dans le rapport de forces géopolitiques, grâce aux extensions de noms de domaine ?